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Etrange lubie que celle des industries cinématographiques qui produisent désormais des suites à des œuvres mineures et passées relativement inaperçues en salles. Purs produits de consommation rapide, ces films uniquement destinés au marché vidéo se fendent bien souvent des inévitables intentions au rabais inhérentes aux petits budgets, lorsqu’ils ne sombrent pas dans des parodies risibles de leurs ainés - le ridicule Souviens-toi... l’été dernier 3 -. Dévoilé sur les écrans en 2002, le thriller Une Virée en Enfer - Joy Ride - ne brillait pas d’une grande originalité et peinait à installer la moindre parcelle de climax un tant soit peu convenable. Sa dispensable séquelle, sous-titrée Dead Ahead, réitère les erreurs de son modèle tout en se dotant d’un habillage « cheap » de rigueur.
Réalisateur inconnu au bataillon, casting de jeunes tout aussi peu destinés à crever l’écran, Une Virée en Enfer 2 se pare d’emblée de tous les atouts nécessaires à son inscription au registre des productions dispensables. Bien que doté d’une esthétique téléfilm de circonstance, le film de Louis Morneau - déjà responsable du nanar d’anthologie Carnosaur 2 - opte cependant pour une réalisation sobre et efficace qui évite les cadrages approximatifs ou foireux décelés dans bon nombre de DTV. Une simplicité à peine minée par quelques plans vulgairement retouchés ou effets spéciaux effectués à la va-vite par un stagiaire débutant sous After Effects, mais qui permet cependant à Une Virée en Enfer 2 de camoufler en partie des apports financiers revus à la baisse depuis le premier opus. Simple dans le fond et la forme - un routier poursuit des jeunes écervelés dans l’unique objectif de les dézinguer avec sadisme -, cette séquelle ne fait une nouvelle fois pas appel à des CGI complexes ou démesurés, et privilégie les cascades réelles, ici totalement crédibles et bien exécutées. Si techniquement et malgré quelques choix contestables - les ridicules et inutiles séquences au ralenti -, ce Dead Ahead semble de prime abord pouvoir tenir la distance, le métrage est cependant plombé par un scénario pataud et invraisemblable doublé d'un casting d’une platitude rare.
Difficilement duplicable, le postulat originel - deux frères convient le rustre routier « Clou Rouillé » dans la chambre d’hôtel d’un sombre inconnu en adoptant une personnalité féminine aguicheuse au possible - laisse ici place à un scénario inédit, bien que la finalité demeure inévitablement la même. En panne en plein désert américain, deux jeunes couples ne tardent pas à tomber sur la demeure de Clou Rouillé, et ayant entrepris d’entrer par effraction décident d’un commun accord de lui emprunter son véhicule de vacances. Passablement énervé, notre routier se lance à la poursuite des ingénus, ce dernier imposant ces « jeux » sadiques via l’inévitable poste de CB du premier opus. Le reste n’est que succession de scènes plus improbables les unes que les autres, à commencer par une effraction de morgue au cours de laquelle notre héroïne n’aura qu’à ouvrir la porte sans se voir inquiétée. Comble de l’invraisemblable, cette dernière y trouvera un cadavre certes allongé sur la table d’autopsie, mais pourtant encore en possession de ses pleins moyens ! Pire, Une Virée en Enfer 2 atteint des sommets de beuffatitude à l’occasion d’une scène shootée lors d’un rassemblement de camionneurs véhiculant les pires clichés imaginables. Inutile et risible. Bien qu’inscrit dans la logique commerciale de la suite et répondant aux sirènes du « plus » par l’ajout de gore et de nudité, le tout s’avère cependant mesuré et n’apporte jamais au métrage le suspens et la tension déjà absente d’un premier opus peu passionnant. Dénué des rebondissements d’un Saw premier du nom ou d’un Waz, Une Virée en Enfer 2 ne décolle jamais véritablement de la case « Thriller routinier », malgré l’intégration de seconds rôles uniquement destinés à servir de chair à canon à Clou Rouillé.
Si le principe du méchant s’exprimant uniquement par le biais de la CB pouvait paraître séduisant, le tout s’avère une nouvelle fois anéanti par sa facilité à tout savoir des actions de ses victimes malgré le gigantisme des lieux visités. Difficile à croire, au même niveau que la résistance digne d’un Jason Voorhees dont semble témoigner ce brave Rusty Nail face aux assauts des adolescents dopés par la rage de s’en sortir - la fin se profile à ce niveau comme un summum de nullité -. Les personnages péniblement esquissés par Louis Morneau se montrent enfin caricaturaux et définitivement horripilants, bien loin de l’agréable tandem incarné dans le premier opus par Paul Walker / Steve Zahn. Outre le caractère psychologique soigneusement oublié du routier désaxé, les quatre personnages principaux peinent à convaincre, la faute à des performances moyennes et à une collection de dialogues remarquablement peu soignés - « Va chier gros connard , tu nous fais chier avec ton bahut espèce d’enfoiré, sale fils de pute, enfoiré » -. La palme revient au personnage de Nick, autoproclamé « émo-punk de 3ème génération » et protagoniste le plus pénible de ce poussif Dead Ahead. Entre propos idiots et attitude exagérée par le jeu d’acteur de Kyle Schmid - lunettes de soleil sur le nez de jour comme de nuit -, le personnage recycle tous pires préjugés de la scène rock américaine et présente malheureusement une faible motivation à se faire broyer par Clou Rouillé malgré son côté détestable. Rageant.
Script bancal, situations improbables, repompages occasionnels des réussites du genre - l’une des scènes revoit inévitablement à Saw -, Une Virée en Enfer 2 ne hisse pas la catégorie DTV vers des sommets d’ingéniosité. La réalisation sans fioritures de Louis Morneau permet cependant de passer outre les carences de scénario et d’acteurs pour conférer le tout dans la caste des films « regardables ». Ce qui ne n’empêche pas Dead Ahead d’être plus que dispensable.
Auteur : BEN
Critique vue 11129 fois
LZ | 14-04-2013 |
Avoue quand même que le scénario de base avec le psychopathe en camion qui suit les moindres faits et gestes des personnages n'est pas très crédible.... N'est-ce pas ? | |
gnomos | 01-04-2013 |
Assez d'accord avec LZ, mais il est vrai qu'il s'agit d'un navet truffé d'invraisemblances. Par contre, je ne suis pas d'accord du tout concernant le premier opus, que j'ai trouvé très bon. |
LZ | 25-03-2013 |
Tiens. je ne pense pas qu'on ait vu le même film...
Que peut-on espérer d'une histoire mettant en scène un routier psychopathe ? Pas grand chose. Que ce soit pour le 1 ou le 2, en fin de compte, c'est la même histoire. Kyle Schmid est excellent dans son rôle, il sait rendre son personnage détestable. Et la scène finale de torture est pour moi le meilleur moment du film. |
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